Les CS bio en visite chez Noé PONCEBLANC

En ce mois de juin, nos stagiaires du CS bio encadrés par leur formateur technique Walid CHOUCAIR sont partis à la découverte du verger de Noé PONCEBLANC certifié AB.

Cet arboriculteur installé aux alentours de Limoux depuis 2016 est revenu sur son parcours d’installation et a témoigné sur la conduite en agriculture biologique d’une exploitation en arboriculture fruitière. Taille des arbres, travail du sol, commercialisation des produits, nos futurs agriculteurs en bio ont bénéficié d’une approche globale de l’entreprise agricole.

 

Une grande diversité

Ce verger pourvu d’une dizaine d’espèces pour une centaine de variétés existe depuis 2010. Il a été repris par Noé en 2016 dans le cadre d’un achat collectif par l’intermédiaire de Terre de liens.

C’est au total 60 000€ qui ont été nécessaires lors de son installation pour les arbres et le matériel.

A raison de 700 arbres plantés à l’hectare, le verger de Noé est très diversifié : Plusieurs variétés de poiriers, pommiers, pêchers, pruniers, abricotiers, vignes, cerisiers et même kiwis et fruits rouges se succèdent sur les 3 hectares de terres. Chaque variété a été sélectionnée pour ses qualités gustatives, ses moments de récoltes ou ses capacités de conservation. L’intérêt de cette grande diversité réside aussi dans sa capacité à bloquer le mouvement des bioagresseurs qui sévissent sur les arbres fruitiers comme le carpocapse de la pomme ou la tordeuse orientale du pêcher.

 

Le travail du sol

Afin d’amender son sol limoneux argilo-calcaire et réduire notamment les risques de chlorose ferrique, chaque année Noé achète en moyenne 13 tonnes de compost. Il se base sur des analyses de sol et des analyses azotées pour apporter la juste dose de ce compost biologique issus de déchets verts. Cet amendement est ensuite enfoui dans le sol avec un passage de herse rotative qui permet un travail du sol à 15 cm de profondeur.

L’irrigation est essentielle pour les jeunes plants qui nécessitent 80 litres par semaine soit 4h d’arrosage en micro-aspersion, heureusement sur les terres de Noé, il y a un puits.

 

 

Un itinéraire technique au gré des saisons

La taille des arbres fruitiers s’étale de décembre à mars. Elle diffère bien évidemment selon les variétés et le port de l’arbre. Pour les pommiers Noé PONCEBLANC a choisi la conduite en axe sur porte-greffe M106. Une méthode qui offre un excellent rendement et peu de travail de taille au bout de 3 ans de soins particuliers.

Pour ses vignes, cet arboriculteur a opté pour la conduite en lyre qui demande certes plus d’espacement entre les ceps mais offre en retour de bons rendements et un meilleur état sanitaire à la récolte.

L’éclaircissage nécessaire à une fructification de meilleure qualité est effectué dès le stade floral aussi bien de façon manuelle ou minérale par pulvérisation de bouillie sulfo-calcique.

Enfin vient la récolte. Elle commence en mai par les fruits rouges pendant la période d’éclaircissage et s’achève en novembre avec la « Belle-fille de Salins », une variété de pommier à la floraison tardive.

 

 

La protection des cultures fruitières en bio

La première des mesures est une bonne implantation des cultures avec un travail accru pendant les trois premières années de l’arbre pour lui assurer une bonne santé.

Pour anticiper les problèmes et trouver parfois des solutions Noé PONCEBLANC consulte régulièrement le Bulletin de la Santé des Végétaux.

Mais le principal, c’est une observation sur le terrain et une connaissance des risques possibles selon les espèces, les variétés et les saisons. C’est seulement lorsqu’il détecte une maladie comme la cloque du pêcher, la moniliose ou la tavelure qu’il va décider de traiter ses arbres fruitiers à l’hydroxyde de cuivre dont l’action est plus rapide que celle du sulfate de cuivre.

Chez Noé, ce sont les moutons qui assurent le désherbage des parcelles, ils mangent en même temps les larves et éloignent les campagnols.

Pour lutter contre les maladies et les ravageurs, il privilégie le biocontrôle : virus de la granulose contre le carpocapse de la pomme, le bacillus thuringiensis contre la tordeuse orientale du pêcher. Il pose aussi au printemps des dispositifs de confusion sexuelle pour diminuer les populations de ces deux fléaux du verger.

 

Une journée forte d’enseignement pour nos stagiaires du CS bio qui ont terminé la journée en participant à la taille des rejets sur les pommiers et les pruniers. Un geste de solidarité pour leur hôte mais aussi une mise en pratique en grandeur nature !

Chronique d’une insertion professionnelle réussie

Comme vous, nous adorons les histoires qui finissent bien et c’est avec joie que nous allons vous conter celle de Hoang Haï ancien stagiaire sur notre dispositif Projet PRO devenu aujourd’hui Conseiller en Insertion Professionnelle.

Hoang Haï a été prototypiste dans le secteur de la maroquinerie. Après 10 ans d’expérience en tant que responsable de production, il a été obligé de se reconvertir à cause d’un problème de santé. C’est alors qu’il a intégré notre formation d’insertion professionnelle anciennement intitulée CAP avenir en été 2017 après un bilan de compétences au Centre de Bilan du centre afin de faire le tri de ses compétences transversales (contact humain, recrutement, formation interne et suivi et intégration du salarié)

Les tests de personnalité et d’intérêt effectués dés son arrivée ont permis à notre conseillère en insertion Rosy TOURDJMAN de détecter chez lui une forte fibre sociale et une aisance avec l’outil informatique. Plusieurs pistes s’ouvraient alors pour Hoang Haï qui a pu effectuer divers stages en entreprise afin de construire son avenir professionnel sur mesures :

  • Conseiller en Insertion Professionnelle à la Régie des Quartiers
  • Moniteur-éducateur à la PEP de Carcassonne
  • Technicien informatique
  • Prothésiste dentaire

Cet accompagnement personnalisé lui a permis par le biais des stages en entreprise de faire le tri pour privilégier la voie du social pour laquelle il se sentait plus investi.

Cela lui a demandé beaucoup d’efforts puisqu’à l’issue de son parcours d’insertion chez nous, il s’est orienté vers la formation qualifiante de Conseiller en Insertion Professionnelle à l’AFPA de Clermont l’Hérault.

Afin d’acquérir la pratique nécessaire à ce titre de niveau III Hoang Haï est retourné à la Régie des Quartiers. Outre le diplôme nécessaire à l’emploi, cette formation lui a apporté l’expérience professionnelle nécessaire mais aussi une connaissance accrue de l’environnement professionnel de l’insertion.

Aujourd’hui Hoang Haï est passé de l’autre côté du miroir puisqu’il est devenu Conseiller en Insertion Professionnelle au Pôle-Emploi de Clermont l’Hérault depuis le 15 avril !

En tant que conseiller emploi, Hoang Haï est là pour orienter, lever les freins à l’embauche et guider dans la création d’entreprise de son portefeuille de 130 personnes.

De par son parcours professionnel et son expérience avec projet PRO,  il a acquis une plus grande légitimité auprès des gens dont il fait le suivi car il parle aussi de son vécu.

Il est l’exemple qu’il est possible de se réorienter avec succès dans ce que l’on souhaite moyennant une bonne motivation et une certaine discipline.

En contrat jusqu’en octobre, Hoang Haï a déjà plusieurs pistes de travail sur Céret, Castelnaudary et Carcassonne pour après. Son secret ? Sa motivation bien sûr mais aussi sa grande mobilité ! Fort de son nouveau réseau professionnel, il se dit surpris du nombre d’opportunités qui lui sont proposées notamment via ses partenaires du Pole-Emploi et de la Mission Locale d’Insertion.

Merci Hoang Haï et bonne continuation !

Des éleveurs burkinabés à la découverte des pratiques audoises

La coopération internationale était à l’honneur en ce mois d’octobre avec l’accueil de trois éleveurs burkinabés. Durant un mois, des éleveurs audois les ont accueillis dans les secteurs de la Piège et de la Montagne Noire dans le cadre d’un échange d’expériences.

L’initiative faisait suite à la visite l’an passé d’un groupe d’une quinzaine de burkinabés avec un temps fort à la foire d’Espezel et un repas partagé avec des formateurs et des stagiaires du CFPPA. L’envie de revenir plus longuement pour apprendre et partager au quotidien les pratiques a été exprimée. Un dossier a été déposé auprès du Département pour intégrer le programme Tandem qui lie des établissements de formation et des associations de coopération internationale. L’AFDI et le CFPPA ont ainsi oeuvré ensemble pour ce projet nourri aussi de la collaboration avec la Chambre d’Agriculture et le Ministère des ressources animales du Burkina Faso.

Les éleveurs burkinabés sont venus sur le site de Carcassonne pour partager une journée entre échanges sur les réalités de l’élevage et de la vie au Burkina Faso et visites d’exploitations avec le groupe BPREA élevage encadrées par Laurent FERRER. Les stagiaires Objectif Apprentissage et BPREA ont été attentifs aux témoignages de nos hôtes, posant des questions sur leur vie au Burkina et leurs impressions sur l’Aude et la France. Camille, bénévole de l’AFDI animait les échanges, les enrichissant de sa propre expérience de formatrice durant deux ans au Burkina. La conversation s’est poursuivie le soir autour d’une auberge espagnole. La visite d’un élevage utilisant un robot de traite et d’un autre pour l’ensilage, aux antipodes de ce qui se fait au Burkina, en a été un des sujets, entre étonnement devant la technique et stupeur face au maïs laissé dans les champs et vu comme un gaspillage. A l’issue de la journée, le bilan était positif. L’objectif d’ouvrir la réflexion vers d’autres horizons agricoles pour nos stagiaires comme pour nos hôtes était réussi et la convivialité partagée.

Les BP aménagements paysagers sur les marches du succès

Dans le cadre de notre partenariat avec les jardiniers de l’Abbaye de Fontfroide, les 9 apprenants du Brevet Professionnel Aménagements Paysagers de Narbonne ont réalisé un superbe escalier de 27 marches.

Sous la houlette de leur formateur technique Gaétan BELLES, les stagiaires ont abattu en 5 jours un travail impressionnant aux côtés des jardiniers de l’Abbaye. En effet l’ouvrage a demandé un gros effort de manutention car l’accès à la zone pour affréter les matériaux (sable, chaux et pierres évidemment) n’était pas des plus évidentes : 250m de parcours avec de nombreux escaliers à franchir.

Dans un premier temps, il a fallu préparer le sol et délimiter le tracé de l’escalier avec des piquets, calculer les niveaux afin d’en déterminer les longueurs de girons et les hauteurs de contremarches. Puis, pour chaque marche, il a fallu déposer un lit de cailloux concassés à la masse pour créer une stabilité et assurer le drainage. Ensuite, les stagiaires ont disposé les blocs de pierre sans oublier d’y aménager une légère pente vers le bas afin de permettre à l’eau pluviale de s’écouler. Les blocs n’ayant pas tous les mêmes dimensions, certains assemblages ont dû être jointés à la chaux.

Cette montée en pierres maçonnées est composée de 3 volées de 9 marches reliées entre elles par 2 paliers. En s’intégrant parfaitement avec les constructions alentours, cet escalier créé à présent un lien entre les différents niveaux de façon esthétique et pratique.

Un travail d’équipe remarquable pour l’entraide dans les tâches physiques et la précision de l’assemblage des grosses pierres. Bravo à l’équipe !

La filière travaux paysagers mobilisée sur un beau projet à Narbonne

Un nouvel aménagement paysager a vu le jour au Centre Pierre Reverdy. Cet ouvrage, support de travaux pratiques a été entièrement réalisé par nos apprenants.

Ce beau projet financé quasiment en totalité par le FAFSEA s’est achevé le 26 avril dernier après avoir  mobilisé la filière Travaux Paysagers aussi bien en formation par apprentissage qu’en formation professionnelle. 

Les travaux ont débuté le 29 janvier avec les apprentis Bac Pro « Aménagements Paysagers » 2e année  du CFA Agricole de l’Aude qui ont préparé le chantier. En effet, de septembre à décembre, ces derniers  ont réalisé en salle des plans « état des lieux » et « projet » à l’échelle, puis rencontré et choisi les différents fournisseurs du projet. Une fois l’enveloppe dépensée, il ne restait plus qu’à réceptionner ou récu pérer les fournitures et matériaux qu’ils utiliseront par la suite. Cela a permis à leur formateur technique  Axel Lamarthee de les évaluer en pratique sur l’organisation, la gestion et la mise en œuvre d’un chantier  pédagogique.

Nous sommes partis de plusieurs constats sur cette zone presque vierge (engazonnée sans arrosage,  deux gros arbres d’ombrage): tracé naturel dû au passage des apprenants pour aller au réfectoire ou  à l’espace pique-nique à l’ombre du Paulownia tomentosa, zone d’ombre sous le Melia azedarach non  « exploitée » et une zone trop ensoleillée entre ces deux gros arbres. Guidés par leur formateur, les apprentis du Bac Pro ont su répondre à ces problématiques en définissant et créant des nouveaux espaces  de vie au sein du site de notre Narbonne.

Travaux préliminaires, travaux de terrassement, piquetage des différentes zones, préparation du sol,  plantation, maçonnerie paysagère (notamment la pose d’une croix occitane 1 m x 1 m en acier brut et  la création de 6 bancs en gabions de marbre rouge) et la mise en place de paillages ont composé ce  chantier « école » auxquels les apprentis du CAPA Jardinier-paysagiste ont participé activement.

Après des mois de labeurs, ce sont les stagiaires du CFPPA de la formation POEC « Ouvrier Qualifié du  Paysage » qui ont eu le privilège de terminer les travaux.

Axel Lamarthee souligne que ce fut un vrai bonheur de travailler avec ces groupes. Et c’est tout le centre  qui se joint à lui pour féliciter les apprentis du Bac Pro « AP » 2e année pour leur implication et leur travail, les CAPA « JP » 2e année pour leur excellent travail de réfection des pavés ainsi que les stagiaires  de la POEC qui ont activement participé à la réalisation de ce projet.

Nous les remercions pour cette belle zone de détente qui nous l’espérons sera respectée et appréciée  par tous.

Une ascension sur les Terroirs du Vertige pour nos BPREA de Narbonne !

Le vendredi 15 février nos stagiaires du BPREA de Narbonne accompagnés de leur formatrice Agnès CABOULET sont partis à la conquête des Terroirs du Vertiges, la Cave coopérative de Talairan.
Notre petit groupe a eu l’honneur d’avoir pour guide M. Ludovic ROUX président de la cave mais aussi président du conseil d’administration de notre établissement.
bprea, viticulture, terroir de vertige

Cette agréable journée a commencé par une promenade dans les vignobles à la découverte du terroir des Hautes Corbières et de ses différents cépages. Grenache noir et blanc, syrah, carignan, maccabeu et roussane se dressent sur les coteaux escarpés prompts à donner le vertige à l’image des forteresses cathares.

Nos futurs viticulteurs ont ensuite visité la cave coopérative. Une belle structure qui rassemble plus de 130 vignerons . Environ 1800 hectares de vignes sur 3 territoires bien distincts sont vinifiés ici.

La journée matinée s’est terminée par une dégustation des produits de la coopérative des Terroirs du Vertige au caveau. Un moment d’échange enrichissant pour nos apprenants. L’après midi fût l’occasion aussi de rencontrer deux anciens stagiaires du BPREA : David BARDENNE installé sur Jonquières et vice président de la cave de Talairan ainsi que Laurie ARTHOUZOUL du Domaine du temps des Dames, qui finalise son installation en GAEC avec sa sœur Julie une ancienne élève en BTSA viticulture et œnologie au lycée Charlemagne.

Un grand merci à M. Ludovic ROUX pour son accueil chaleureux et instructif. Nos stagiaires ont été séduits par cette belle cave coopérative de Talairan et son dynamisme !

Le centre de bilan à fait ses 20 ans : ça se fête !

Lors des 20 ans du centre de bilan du CFPPA des Pays d’Aude, nos conseillères et un bon nombre de leurs bénéficiaires se sont retrouvés autour de tables rondes thématiques, de récits de vie. L’un des temps forts de cette après-midi fut la conférence donnée par Dominique SINNER
Puisant dans son parcours riche de diversité, entre philosophie, sport et pratiques sociales, Dominique Sinner a présenté lors de sa conférence, les croisements entre les mutations professionnelles et les trajectoires individuelles.  Ses propos entrent en résonance avec les activités d’accompagnement et de formation du centre de bilan.

Plus qu’un changement, les évolutions que nous vivons sont un bouleversement multiple et drastique qui touche l’ensemble de la société et de nos vies au quotidien. La facilité des déplacements modifie notre relation à l’espace, le numérique nous positionne à la fois ici et ailleurs, dans un espace-temps s’affranchissant des amplitudes horaires et de la géographie. Notre rapport au temps s’inscrit également dans une programmation-planification au risque d’exclure les surprises et d’amoindrir notre créativité. La généralisation des algorithmes renforce les processus de préconisation, dessinant une fracture entre les individus enfermés dans des présupposés goûts et opinions. L’arrivée du numérique marque une nouvelle ère où les changements se constatent aussi dans notre rapport au travail. Elle se mêle à la dimension écologique, aux préoccupations environnementales influant sur les métiers.

La métaphore du surf illustre ces évolutions. Sport de glisse, il s’exempte d’un terrain délimité. La stabilité vient de l’intérieur avec une adaptation constante à un espace en mouvement permanent. Les surfeurs pratiquent en bande, dans des collectifs mouvants solidaires et intergénérationnels. Aujourd’hui, les individus sont confrontés à un choix draconien entre subir les choses ou se mettre en mouvement. Mais, comment s’inscrire dans un mouvement ? Qu’est ce qu’un processus de changement ? L’un et l’autre nécessitent de l’élan, de l’engagement. Cependant, contrairement aux idées reçues, les freins et les contraintes ne les empêchent pas. Les freins sont des indicateurs qui permettent de ralentir pour voir des obstacles. Ils sont contributifs de la conduite du changement. Il faut alors apprendre à écouter de façon singulière ce frein là, voir les inquiétudes comme l’opportunité de modifier un regard, un comportement, un processus. L’accompagnement sert à identifier comment en tant qu’individu on est touché par ces mutations et dégager une trame dans laquelle on peut travailler.

Comme dans le surf, l’élan individuel se produit au dans un mouvement collectif. Qu’est ce qui fait communauté, qu’est ce qui va être mis en partage ? Comme les surfeurs, les collectifs sont mouvants autour d’un projet. Comme un surfeur, nous apprenons à vivre dans un espace en mouvement permanent où les seules choses dont nous sommes sûrs sont nos incertitudes. Le processus dynamique d’individuation est nécessaire avec la conscience de l’évolution permanente de ce que l’on est. Il est contraire à celui des algorithmes. La singularité est composée de capacités, de limites mais aussi d’une autonomie nourrie par des interdépendances, de liens créés pour aller chercher l’aide nécessaire. La reconnaître, reconnaître que chacun a son propre rôle, est bénéfique pour un collectif dynamique et dynamisant. Le processus de coopération est structurant, permet de faire du lien de façon éthique. Dans cette constante construction, les compétences deviennent rapidement obsolètes au profit des méta-compétences. On s’appuie alors sur les expériences antérieures grâce à une prise de recul, des pas de côté, un décalage qui permettent de comprendre le « comment je fais pour faire ce que je sais faire, pour apprendre, pour prendre des décisions ». Là aussi, le processus est dynamique dans un mouvement incessant.

Avec l’obsolescence des compétences, la performance prend un nouveau sens. Il ne suffit plus d’être bon dans son activité professionnelle, il faut également veiller à une amélioration constante et être perspicace. Pour être performant, la récupération, le ressourcement, la mise à distance sont nécessaires, un effet de ralentissement pour ne pas être entraîné dans un mouvement hors de contrôle et de compréhension.  L’épuisement professionnel montre qu’il n’y a pas de prise en compte du ressourcement pourtant nécessaire à la performance. Les dynamiques de changement sont de trois types. Elles peuvent être structurantes à la façon d’une danse dans un enchaînement créatif, en équilibre sous l’effet de secousses, de perturbations majeurs ponctuelles ou comme un défi dans la succession de coups du sort.  L’accompagnement est un moyen de donner du sens à chaque événement, à chaque histoire, à la façon dont le changement est perçu et vécu.

Pour Dominique Sinner, envisager sereinement les mutations dans nos trajectoires individuelles réclame de la perspicacité sur soi, de la curiosité et une certaine acuité. Il nous faut penser les événements plutôt que de les subir. La nécessité d’agir ne doit pas soumettre notre pensée ou notre imagination. Et pour réussir tout cela, pourquoi ne pas avoir en tête que nul ne peut être tenu à l’impossible et que nul ne peut être tenu au possible.